“À l’horizon 2030, nous voulons collecter et recycler une bouteille ou canette pour chaque bouteille ou canette vendue”

Dries Van Aerde, Global Sustainable Packaging Director chez Coca-Cola Europacific Partners

L’avenir du secteur alimentaire dépend étroitement de l’avenir de l’emballage de nos aliments, ainsi que de la manière dont nous améliorons son empreinte carbone. Cette ambition se reflète pleinement dans la stratégie de développement durable de Coca-Cola. “De tous les pays européens où opère Coca-Cola, nous avons été parmi des premiers à adopter des bouteilles en plastique recyclé, ou rPET.”

“Il n’existe pas de solution d’emballage unique et optimale”, lance Dries Van Aerde, Global Sustainable Packaging Director chez Coca-Cola Europacific Partners. “Il faut commencer par peser tous les facteurs en jeu pour chaque emballage: l’empreinte carbone, la consommation d’eau, le design, jusqu’à ce que l’on appelle ‘end of life’. Bien qu’il soit en fait préférable de parler de ‘end of use’, c’est-à-dire ce que devient exactement un emballage une fois qu’on l’a utilisé.

Aucun emballage usagé ne devrait être considéré comme un déchet: il constitue une matière première pour la production de nouveaux emballages. Un changement de mentalité est nécessaire pour que les emballages usagés ne soient plus envisagés comme des déchets ou, pire encore, sortir de la chaîne de recyclage.” Le message de Dries Van Aerde est clair: “Notre objectif doit être de rendre chaque emballage circulaire.”

Nouveau plastic

Ce but prend une tournure différente selon le contexte. “Le secteur de l’horeca recourt par exemple à des bouteilles en verre réutilisables”, illustre Dries Van Aerde. “Dans les bureaux, ce seront les distributeurs qui seront concernés en premier lieu. Enfin, dans le segment on-the-go – sur le chemin du travail, de la maison ou de l’activité sportive –, épinglons la bouteille en PET, qui présente toujours des avantages évidents: elle est légère, refermable et moins cassante. Néanmoins, pour que cette dernière soit considérée comme un emballage circulaire, il faut avant tout que la bouteille en plastique soit composée de matériaux recyclés, qu’elle soit collectée correctement et qu’elle soit effectivement recyclée en une nouvelle bouteille composée de matériaux recyclés.”

Dries Van Aerde se souvient d’une conversation qu’il a eue récemment lors d’une conférence. “On m’a posé une question intéressante: est-ce que Coca-Cola continuerait à utiliser des bouteilles en PET s’il fallait repartir d’une page blanche? La réponse est ‘oui’. Le PET recèle de nombreux avantages et représente l’emballage idéal dans certaines circonstances, mais toujours à condition que la bouteille soit collectée correctement et que nous puissions la produire sans faire appel à ce que l’on appelle le plastique vierge, autrement dit du nouveau plastique.”

Notre objectif doit être de rendre chaque emballage circulaire.

Dries Van Aerde, Global Sustainable Packaging Director chez Coca-Cola Europacific Partners

Dans notre pays, Coca-Cola est déjà très avancé dans ce domaine. “À l’exception d’une poignée de produits que nous ne fabriquons pas en Belgique, comme l’Aquarius de 1,5 l et le Minute Maid de 33 cl, l’ensemble de notre portefeuille de bouteilles en plastique – sauf le bouchon et l’étiquette – est intégralement constitué de plastique recyclé, ou rPET”, souligne Dries Van Aerde. “C’est le cas depuis 2021, mais beaucoup de gens ne le savent pas ou pas assez. Cela fait pourtant de notre pays l’un des leaders mondiaux pour Coca-Cola dans cette matière.” Une étape qui n’a pas été franchie sans mal. “Nous n’avons certainement pas choisi la voie la plus aisée. Au début surtout, il a fallu définir les bons paramètres techniques et obtenir suffisamment de matières premières recyclées. Personne ne le faisait à l’échelle qui nous était nécessaire.”

Trois ans plus tard, l’accès à ces matières recyclées demeure un défi. En termes de volume disponible, mais aussi de prix. “Le matériau recyclé est nettement plus cher que le PET vierge”, confirme Dries Van Aerde. “La disponibilité suffisante et un niveau de prix abordable sont donc les arguments qui nous incitent à plaider continuellement en faveur d’un circuit fermé pour les bouteilles en plastique usagées. Aujourd’hui, une partie de ce matériau disparaît dans le textile ou l’industrie automobile, dont il ne peut jamais revenir sous la forme d’une nouvelle bouteille, en raison des exigences de sécurité alimentaire. Nous demandons instamment aux décideurs politiques d’œuvrer en faveur d’un système strictement défini de recyclage de bouteille en bouteille, et ce, pour tous les matériaux d’emballage.”

Bouteilles moins lourdes

Les avantages du rPET vont bien au-delà de la circularité: les gains sont énormes également sur le plan du CO2 émis. “L’empreinte carbone du PET recyclé est jusqu’à 70% inférieure à celle du PET vierge”, chiffre Dries Van Aerde. “Lorsqu’on sait qu’environ 40% de l’empreinte carbone totale de Coca-Cola est liée à nos emballages, l’impact de ce basculement vers le rPET est évident. À l’horizon 2030, nous voulons collecter et recycler une bouteille ou canette pour chaque bouteille ou canette vendue.”

Un impact qui s’est, du reste, régulièrement amplifié ces dernières années par des efforts plus modestes mais non moins significatifs. Réduire considérablement le poids des bouteilles, par exemple. Ou rendre les bouteilles de Sprite transparentes, ce qui facilite leur recyclage sous la forme de nouvelles bouteilles par rapport à la variante verte précédente. “Lorsque nous annonçons ces innovations séparément, leur impact semble marginal, mais lorsque vous les mettez toutes ensemble, la différence est notable!”

Aucun emballage usagé ne devrait être considéré comme un déchet: il constitue une matière première pour la production de nouveaux emballages.

Dries Van Aerde, Global Sustainable Packaging Director chez Coca-Cola Europacific Partners

Pour autant, Coca-Cola est bien conscient qu’il lui reste du pain sur la planche. Anderlecht abrite le deuxième plus grand centre de R&D de The Coca-Cola Company dans le monde, où des chercheurs étudient constamment des moyens de renforcer encore ce système circulaire, y compris par des techniques de recyclage avancées. “Nous y étudions notamment des technologies qui nous permettent de réduire une bouteille usagée jusqu’à sa molécule de base, qui entre ensuite dans la fabrication d’une nouvelle bouteille. De cette manière, une bouteille en plastique peut être recyclée à l’infini.”

Coca-Cola mise beaucoup sur ces nouvelles technologies. Par l’intermédiaire de CCEP Ventures, le pôle d’investissement de l’embouteilleur Coca-Cola Europacific Partners, la société investit dans des start-up prometteuses qui travaillent sur ces technologies. Un excellent exemple est celui de CuRe Technologies, qui a mis au point un processus de recyclage avancé. “L’usine est en cours de construction afin d’étendre suffisamment cette méthode pour pouvoir commencer à nous approvisionner”, indique Dries Van Aerde.

Sans emballage

Ces initiatives illustrent la manière dont Coca-Cola concentre ses efforts d’innovation sur l’amélioration de l’empreinte carbone de ses emballages, dans le cadre de sa stratégie World Without Waste.

Coca-Cola n’en pousse pas moins la réflexion plus loin encore. 3,5 % du volume de Coca-Cola en Belgique est vendu par l’intermédiaire de fontaines à boissons et l’entreprise continue d’expérimenter de telles options sans emballage. Dans ce contexte, un projet-pilote est en cours à la VUB. “Nous devons avant tout comprendre ce que les clients attendent de nous”, confie Dries Van Aerde. “Il doit s’agir certes d’une solution durable, mais aussi facile à utiliser. Sinon, nos efforts n’auraient aucun sens.”

L’entreprise n’hésite pas non plus à plonger toujours plus loin dans l’inconnu. Par l’intermédiaire à nouveau de CCEP Ventures, Coca-Cola Europacific Partners a investi dans une technologie expérimentale mise au point à l’université de Swansea, au Royaume-Uni. Un projet-pilote de trois ans y a été lancé en octobre dernier pour fabriquer du plastique à partir de CO2 capturé dans l’atmosphère ou à la source des émissions. “Cette technologie semble relever de la science-fiction”, sourit Dries Van Aerde. “Le CO2 capturé sert à fabriquer de l’éthylène, qui devient à son tour la matière première des matériaux d’emballage.”

Le message est clair, conclut Dries Van Aerde: “Coca-Cola veut être à l’avant-garde dans la recherche mondiale des solutions d’emballage les plus durables de l’avenir. Il ne faut toutefois pas se leurrer: la tâche ne sera jamais terminée, et nous ne pourrons jamais être entièrement satisfaits. Je suis cependant fier que de nombreuses et importantes innovations en matière d’emballage aient vu le jour dans notre pays et grâce à Coca-Cola.”