“Des systèmes de leasing et de consigne peuvent contribuer à rendre le secteur textile plus circulaire”

Grâce à des modèles commerciaux circulaires, à l’upcycling de vêtements usagés et à une plateforme numérique, Okret veut guider l’industrie de la mode vers un fonctionnement plus durable. “Et de cette manière, les marques peuvent recueillir quantité de précieuses données sur leurs produits”, ajoute sa fondatrice, Sara Kovic.

Dans une vie antérieure, Sara Kovic était coordinatrice RSE au sein du groupe belge FNG. Avec sa start-up anversoise Okret (“révolution” en serbe), elle part du constat selon lequel produire, acheter et jeter continuellement des vêtements n’est pas durable pour notre planète. “Il faut trouver de nouvelles solutions”, déclare-t-elle. Une première solution circulaire à laquelle Okret croit fermement est l’allongement de la durée de vie des vêtements.

La start-up encourage les marques de mode à gérer leurs propres plateformes de seconde main. “Les clients peuvent alors s’adresser à leur marque préférée non seulement pour des articles neufs, mais aussi pour des vêtements d’occasion de grande qualité.” Okret voit plusieurs possibilités de récupérer des vêtements usagés auprès des marques.

Consigne et leasing

Un système de consigne similaire à celui des bouteilles en verre semble envisageable. Les consommateurs versent une caution d’un certain pourcentage lors de l’achat d’un nouveau vêtement, et obtiennent un bon de réduction lorsqu’ils retournent l’article au terme de sa première vie. “De cette manière, les consommateurs sont encouragés à retourner leurs vêtements, et une partie de la consigne peut être réservée au remboursement des frais de retour et de transport.”

En reprenant les vêtements après usage, les entreprises de mode découvrent une multitude de nouvelles informations sur leur usage.

Sara Kovic, fondatrice d’Okret

Okret envisage également la possibilité d’un système de leasing: au lieu d’acheter des vêtements, les consommateurs peuvent les louer en versant des mensualités. À la fin de la période de location, les consommateurs ont la possibilité de racheter le vêtement pour le montant restant ou de le renvoyer au fabricant.

Trois flux résiduels

Grâce aux systèmes de leasing et de consigne, les marques peuvent générer trois flux résiduels: “Les vêtements qui sont encore en bon état peuvent être proposés en seconde main immédiatement, sans intervention supplémentaire, ce qui prolonge leur durée de vie”, éclaire Sara Kovic. “Une autre catégorie d’articles peut être revendue après des travaux de réparation mineurs. Enfin, une dernière catégorie d’articles est tellement usée ou abîmée qu’elle ne peut être orientée que vers la récupération de matières premières. Celles-ci peuvent ensuite servir à fabriquer de nouveaux vêtements ou d’autres produits dans des entreprises locales.”

Les données, une valeur ajoutée

En plus de devenir plus durables et de générer des revenus supplémentaires, les entreprises peuvent employer ces systèmes pour créer une autre valeur ajoutée importante: l’acquisition de données. Les marques de vêtements en savent beaucoup sur leurs clients, mais après la vente, la source de ces connaissances se tarit.

“En reprenant les vêtements après usage, les entreprises de mode découvrent une multitude de nouvelles informations sur leur usage”, indique Sara Kovic. “En comprenant combien de temps un consommateur porte un vêtement, si celui-ci a été réparé et les éventuels problèmes de design, les marques étendent et améliorent la conception, la qualité et la longévité de leurs produits.”

La marque de vêtements Terre Bleue a été le premier grand client d’Okret. Ensemble, elles ont mis en place un système de reprise circulaire dans un certain nombre de magasins.

Projet-pilote et avenir

La marque de vêtements Terre Bleue a été le premier grand client d’Okret. Ensemble, elles ont mis en place un système de reprise circulaire dans un certain nombre de magasins. Ce projet-pilote sera évalué d’ici à la fin de 2024; si les résultats sont positifs, il sera étendu à d’autres magasins et marques.

En tant que partenaire de transition, Okret souhaite proposer ces modèles circulaires – de l’introduction de la consigne à la revente de vêtements d’occasion via une boutique en ligne – aux entreprises par le biais de solutions prêtes à l’emploi (telles que sa propre plateforme de données) ainsi que de collaborations avec d’autres entreprises et parties prenantes.

“Le dialogue est essentiel”, estime Sara Kovic. “Nous ne voulons pas être un acteur isolé, nous voulons construire une communauté collaborative. Nous pensons que nous pouvons faire de l’économie circulaire un nouveau modèle d’entreprise en rapprochant les marques et les consommateurs.”

Avec la future législation européenne sur la responsabilité élargie des producteurs, les marques seront tenues de reprendre les vêtements dont les consommateurs ne veulent plus. “Okret s’engage à préparer les marques belges à cette nouvelle donne”, conclut sa fondatrice.