Entre 2023 et 2024, le nombre d’employés en situation de handicap a augmenté de 15%. Chez Peeters-Govers, le plus grand franchisé d’Albert Heijn en Belgique, on recrute des personnes en situation de handicap depuis des années. “L’essentiel est d’avoir une communication ouverte, même sur les questions difficiles”, estime Tine Lenaerts, architecte de l’entrepreneuriat inclusif au sein de la chaîne de magasins.
“Pour autant que je sache, je suis la seule en Flandre à occuper ce poste”, sourit Tine Lenaerts. Bien qu’elle n’ait commencé à travailler que fin 2021 en tant qu’architecte de l’entrepreneuriat inclusif chez Albert Heijn – Peeters-Govers, la diversité et l’inclusion font partie de l’ADN de l’entreprise campinoise depuis un certain temps déjà.
“Notre collègue Peter a 56 ans mais la capacité cérébrale d’un enfant de 9 ans”, illustre Jan Peeters, son directeur. “Depuis 2005, cependant, il effectue autant que possible les mêmes tâches que ses collègues dans notre magasin de Gierle.”
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Les chiffres du secrétariat social Acerta démontrent qu’un collaborateur sur 369 sur le marché de l’emploi belge présente une limitation physique ou mentale.
Abattre les obstacles
Par où convient-il de commencer lorsqu’on souhaite intégrer des personnes en situation de handicap sur le lieu de travail? “La communication est cruciale à cet égard”, souligne Tine Lenaerts. “Il faut engager le dialogue. De quoi une personne a-t-elle besoin pour accomplir une série de tâches? Quels sont les obstacles? Par exemple, l’un de nos employés est sourd et muet. Un interprète est toujours présent pour lui lors des réunions d’équipe. Grâce à ces mesures et à d’autres interventions simples, les personnes en situation de handicap peuvent effectuer les mêmes tâches que leurs collègues sans limitations fonctionnelles.”
Tout repose sur l’ouverture d’esprit. “Les questions difficiles ne doivent pas être éludées. Certains employés vivent dans la pauvreté et n’ont donc pas toujours de repas avec eux. Osez le mentionner lors de l’entretien d’embauche. Expliquez-leur qu’ils ne peuvent pas simplement se servir dans le magasin, et indiquez-leur ce qu’ils peuvent faire s’ils ont faim.”
Tremplin
Les employés de Peeters-Govers reçoivent une formation complète avant de commencer à travailler. Un parcours qu’ils suivent tous à leur propre rythme. “Ces formations représentent un investissement financier important, mais la loyauté et l’emploi durable qu’elles génèrent valent bien plus”, affirme Jan Peeters. Quelque 32% des employés de Peeters-Govers ont suivi ce type de parcours.
Les employés en situation de handicap ont autant de chances de progresser que leurs collègues sans limitations fonctionnelles. “Une personne est arrivée ici en 2018 en tant que demandeur d’asile et ne parlait pas un mot de néerlandais”, évoque Tine Lenaerts. “Aujourd’hui, elle est chef d’équipe dans le magasin de Turnhout.”
Arrivé ici en 2018 en tant que demandeur d’asile, un de nos collaborateurs ne parlait pas un mot de néerlandais. Aujourd’hui, il est chef d’équipe dans le magasin de Turnhout.
Tine Lenaerts, architecte de l’entrepreneuriat inclusif chez Albert Heijn – Peeters-Govers
“Un emploi chez nous constitue un tremplin pour de nombreuses personnes”, confirme Jan Peeters. “L’une de nos employées est une gynécologue ukrainienne qui a dû repartir de zéro après avoir fui la guerre. Chez nous, elle a appris non seulement la langue, mais aussi et surtout à croire à nouveau en elle. À présent, elle travaille en hôpital.”
Il évoque au passage “l’effet Red Bull”: “Les employés s’épanouissent parce qu’ils peuvent être eux-mêmes et apprendre. Leur sérénité rayonne sur leurs collègues qui, à leur tour, tirent de la satisfaction à pouvoir les aider. De cette manière, tout le monde se sent pousser des ailes.”
Penser différemment et être créatif
Depuis 2022, Peeters-Govers peut se targuer du titre d’Ambassadeur de l’entrepreneuriat inclusif. “Grâce à notre réputation, de nombreuses personnes en situation de handicap viennent vers nous”, avance Tine Lenaerts. “Nous investissons aussi dans notre réseau. Par exemple, nous travaillons en étroite collaboration avec le VDAB et Fedasil. Et si nous ne pouvons pas apporter nous-mêmes une solution à une situation donnée, nous nous adressons à des partenaires tels que les centres d’aide sociale générale et les services de logement.”
Un emploi dans nos magasins constitue souvent un tremplin.
Jan Peeters, gérant chez Albert Heijn – Peeters-Govers
Des valeurs et des normes différentes peuvent également donner lieu à des situations difficiles. Pensez aux employés que leurs convictions religieuses empêchent de manipuler des produits contenant de la viande ou de l’alcool. “Penser différemment et être créatif: tel est le message!”, résume Tine Lenaerts. “J’ai rencontré l’imam et nous avons trouvé une solution ensemble: nous avons fourni des gants pour que ces personnes puissent continuer à travailler. Cela a pris quelques heures. Mais trouver de nouvelles personnes coûte plus cher.”
Épanouissement
Jan Peeters aimerait inspirer d’autres entreprises à intégrer des personnes en situation de handicap sur le lieu de travail. “Pour que la formule fonctionne, il ne faut pas s’attendre à ce que ces personnes fassent le même travail que les autres employés”, prévient-il. “Il faut séparer les fonctions et voir qui peut faire quoi. Et surtout être patient. Donnez aux personnes le temps et l’espace nécessaires pour apprendre et trouver leur place; au bout d’un certain temps, vous les verrez s’épanouir et s’intégrer à l’équipe.”