L’économie circulaire – qui transforme les déchets en matières premières réutilisables – consomme de l’énergie, émet du CO2 et requiert des moyens de transport, souligne Steven Van Passel, professeur d’économie environnementale à l’université d’Anvers. “Dans de nombreux cas, pour travailler de façon durable, il vaut mieux réduire la quantité de matières premières utilisées.”
La première étape vers un modèle d’exploitation durable consiste à optimiser les processus de production. “Commencez par réduire votre consommation de matières premières, puis examinez de quelle façon vous pouvez faire en sorte que ce que vous fabriquez dure le plus longtemps possible”, conseille Steven Van Passel.
Il est préférable de réutiliser les bouteilles vides que de les jeter. Car à chaque fois qu’une bouteille est réutilisée, on ne doit pas en produire de nouvelles.
Trop cher
Le basculement de la propriété vers le prêt ou le leasing réduit également les besoins. “Pourquoi acheter une machine qu’on n’utilise que quelques mois par an s’il est possible de la louer? Et s’ils sont bien entretenus, les produits et les machines ont une durée de vie plus longue.”
Recycler est donc ici le maître mot. “Il faudrait pouvoir produire de nouveaux matériaux à partir d’éléments mis au rebut”, poursuit Steven Van Passel. “Sauf si le recyclage consomme trop d’énergie. Dans ce cas, il vaut peut-être mieux remplacer certains matériaux par des solutions biodégradables qui ne devront pas être recyclées.”
Si le recyclage consomme trop d’énergie, il vaut peut-être mieux remplacer certains matériaux par des solutions biodégradables.
Steven Van Passel, professeur d’économie environnementale à l’université d’Anvers
Gains rapides
Une entreprise qui clame haut et fort qu’elle réutilise 80% de ses déchets n’est pas nécessairement plus durable qu’une société dont une grande partie des déchets est compostable.
“Avant de passer à un modèle d’exploitation circulaire, les entreprises doivent commencer par cartographier leurs flux de matériaux et d’énergie, car cela leur permet généralement d’engranger des gains rapides. L’obligation de reporting en matière de durabilité, à laquelle de nombreuses entreprises seront confrontées dans les années à venir, devrait accélérer ce processus et faciliter l’accès aux données nécessaires.”
Green Deal
Il n’existe à ce jour aucune donnée chiffrée ni étude sur le degré de circularité des modèles d’exploitation des entreprises et des secteurs dans notre pays.
“Nous remarquons que, sous l’influence du Green Deal européen, les entreprises réfléchissent davantage à la réutilisation, au recyclage et à la transformation de leurs déchets en nouvelles matières premières”, note cependant Steven Van Passel.
Subsides
“À la suite de nos enquêtes, nous savons que les entreprises belges sont demandeuses de plus d’innovations et de soutien dans ce domaine, sous la forme de subsides et de mesures fiscales”, conclut le spécialiste. “Elles souhaitent recruter des experts disposant des compétences nécessaires pour atteindre cette circularité.”