Sirona Technologies est la première entreprise belge à posséder sa propre technologie d’extraction directe du CO2 de l’air. Thoralf Gutierrez, ancien ingénieur de Tesla, est l’un des pères de cette innovation: “Notre premier projet-pilote fonctionnera entièrement à l’énergie solaire.”
Le captage direct de CO2 dans l’air (direct air capture, DAC) est une méthode qui permet de filtrer le CO2 de l’atmosphère. Sirona Technologies est la première entreprise belge à oser aborder ce sujet complexe. Ce faisant, elle rejoint les solutions d’autres entreprises européennes spécialisées dans la technologie du climat, telles que Climeworks (Suisse) et CarpeCarbon (Italie). “Notre approche est unique”, nuance Thoralf Gutierrez, cofondateur de Sirona Technologies, qui a accumulé cinq années d’expérience au côté d’Elon Musk en tant qu’ingénieur chez Tesla.
Du CO2 pur
“Notre technologie DAC utilise des ventilateurs qui soufflent l’air à travers un filtre chimique spécial. Celui-ci piège les molécules de CO2 et rejette l’air pur dans l’atmosphère.” Lorsque le filtre est complètement saturé, il est chauffé à 100 °C avec de la vapeur. Les molécules de CO2 sont libérées et le dioxyde de carbone peut être stocké dans des réservoirs.
Le CO2 est alors stockable de manière permanente dans le sous-sol (CSC), par exemple dans des couches géologiques solides telles que des roches, ou dans des gisements de gaz vides en mer. Le CO2 peut également être utilisé par des entreprises dans leurs processus de production, comme c’est le cas des acteurs pharmaceutiques, des producteurs de matériaux de construction ou de boissons gazeuses.
Notre technologie utilise des ventilateurs qui soufflent de l’air à travers un filtre chimique spécial, qui piège les molécules de CO2 et renvoie de l’air pur dans l’atmosphère.
Thoralf Gutierrez, cofondateur de Sirona Technologies
Économies d’échelle
“Nos usines pourraient être construites à grande échelle dans de vastes zones ouvertes bénéficiant d’un fort ensoleillement”, indique Thoralf Gutierrez. “Les zones désertiques seraient idéales. Nous pourrions y installer de nombreux panneaux solaires et combiner cette énergie verte avec des pompes à chaleur et un stockage thermique pour produire en continu l’énergie neutre pour le climat qui est nécessaire à notre processus.”
La construction de telles usines en Europe est plus délicate, selon le CEO, en raison de la rareté des zones très ensoleillées. “Afin de réaliser des économies d’échelle et d’exploiter pleinement la technologie, un continent comme l’Afrique est nettement plus adapté. Au niveau mondial, peu importe qu’une usine soit construite en Norvège ou en Afrique du Sud: la réduction des émissions de CO2 exige une stratégie globale. De toute façon, notre objectif est de construire nous-mêmes nos machines en Belgique et d’intégrer verticalement l’ensemble de la chaîne de valeur.”
Urgence climatique
Le changement climatique compte parmi les phénomènes les plus lourds de conséquences pour notre planète. C’est pourquoi il convient d’accélérer la mise en œuvre de solutions, estime le CEO. Deux mois à peine après sa création officielle, son entreprise avait déjà mis au point un prototype fonctionnel. Aujourd’hui, moins d’une année plus tard, son équipe teste la troisième génération du produit, qui capture 100 fois plus de CO2 que la première version.
Un prototype de 1,5 mètre de long pour 50 centimètres de large est en cours d’achèvement dans l’ancienne concession D’Ieteren (Circularium à Bruxelles, NDLR). L’étape suivante est déjà en préparation: le développement d’un prototype encore plus grand et utilisable commercialement. Sirona Technologies entend ainsi vendre des crédits carbone aux entreprises, en créant des solutions concrètes qui contribueront à inverser le changement climatique. Pour perfectionner les premiers prototypes, Sirona souhaite collaborer avec d’autres entreprises belges, et créer dans ce cadre un pôle DAC dans notre pays.
Meet the team
L’autre particularité de Sirona Technologies, c’est son équipe. Aux commandes, Thoralf Gutierrez, ancien ingénieur de Tesla, et Gauthier Limpens, ingénieur en thermodynamique. Ajoutez-leur un groupe de spécialistes du CERN, de l’université d’Oxford et de l’UCLouvain dans les domaines de la physique des particules, de la capture du carbone, de l’ingénierie chimique et de l’ingénierie aérospatiale, et vous obtenez une dream team de classe mondiale.