Une start-up de Google ambitionne de révolutionner l’agriculture

Mineral, le dernier-né de la famille Alphabet, poursuit un objectif particulièrement ambitieux. En rassemblant et en rendant disponibles toutes les informations sur les plantes et les cultures, le groupe faîtier de Google ambitionne de contribuer à mieux gérer le changement climatique.

Lorsque Larry Page et Sergey Brin ont lancé un projet de recherche à l’université de Stanford en 1996, ils n’auraient jamais pu prédire qu’un peu moins de 30 ans plus tard, ils travailleraient sur des voitures sans conducteur, des lunettes intelligentes et des ballons géants.

Leur start-up, Google, est devenue en peu de temps l’une des plus grandes entreprises au monde, avec Gmail, Google Photos et Google Maps, entre autres, en plus du fameux moteur de recherche. Mais son ambition est plus vaste encore: sous l’égide de la société-mère Alphabet est né X, à ne pas confondre avec le réseau social du même nom d’Elon Musk.

X se revendique comme une moonshot factory, un incubateur d’entreprises qui pourraient potentiellement changer le monde. Loon, par exemple, fournirait une connexion internet dans des zones reculées par le biais de ballons. Le projet, extrêmement innovant mais non viable, a été interrompu en 2021. D’autres projets, comme les voitures autonomes de Waymo, sont devenus au fil du temps des entreprises autonomes au sein d’Alphabet.

Comprendre les plantes

Avec Mineral, autonome depuis l’année dernière, Google vise à renforcer l’évolutivité de l’agriculture durable. C’est nécessaire, car l’agriculture est à la fois l’une des plus grandes victimes du changement climatique et l’un de ses principaux contributeurs. Quelque 70% de l’eau douce est consommée par l’agriculture, et plus d’un dixième de tous les gaz à effet de serre proviennent de l’élevage, pour ne citer que ces deux dimensions.

Mineral ambitionne de nourrir le monde de demain d’une manière qui ait moins d’impact sur le climat.

Si nous voulons changer la donne, il convient de mieux comprendre les plantes que nous cultivons et de pratiquer une agriculture moins intensive, afin d’améliorer la biodiversité et de protéger la qualité des sols. Cela peut se faire avec de nouvelles cultures qui exigent moins d’eau, par exemple. Et dans la mesure où nous ne pouvons inverser la vapeur sur le plan climatique, nous avons besoin de plantes plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse.

36.000 haricots cartographiés

La méthode appliquée par Mineral est largement similaire à celle de sa société-sœur Google: collecter toutes les informations sur le monde végétal et les rendre disponibles. À cette fin, elle développe une plateforme et des applications pour collecter, organiser et exploiter ces données.

Les informations proviennent principalement du Mineral Rover, un robot qui parcourt les terres agricoles. Il intègre des caméras qui prennent rapidement un très grand nombre de photos. En lançant ensuite des algorithmes sur ces clichés, Mineral peut récupérer une myriade d’informations. Il sait quelles plantes poussent, combien de fruits elles portent, quelle est leur taille, etc. Sur cette base, il peut déterminer le degré de maturité de la culture, la présence de maladies ou de mauvaises herbes, et ainsi prédire la récolte.

Même sans Rover, Mineral recueille des données. Elle travaille notamment avec l’Alliance of Bioversity International, qui gère en Colombie la plus vaste collection de haricots du monde. La technologie de Mineral y est utilisée pour rechercher, parmi 36.000 types de haricots, ceux qui pourront nourrir le monde de demain d’une manière qui aura moins d’impact sur le climat, tout en permettant de mieux faire face à la sécheresse.

Lorsqu’on dit que Google change le monde, c’est généralement au sens figuré, mais dans le cas de sa société-sœur Mineral, cela pourrait être réalité dans quelques années.