Grâce à une approche structurée impliquant ses employés, BNP Paribas Fortis est parvenue à diminuer de 55% ses émissions de CO2 par équivalent temps plein depuis 2019. “Une entreprise qui veut réduire son empreinte carbone doit impliquer tous ses départements”, estime Sandra Wilikens, Chief Human Resources Officer et membre du comité exécutif de la banque.
Entre 2019 et 2022, BNP Paribas Fortis a réussi à réduire ses émissions de CO2 de 55%. Comment y êtes-vous parvenus?
“Principalement en agissant sur l’efficacité énergétique de nos bâtiments – qui représentent environ 80% de nos émissions directes –, sur l’optimisation de notre patrimoine immobilier et sur les déplacements professionnels. Nous avons adopté une approche très structurée, qui implique tous les départements de la banque. Depuis 2012, notre Green Bank Platform rassemble tous les trois mois les responsables de chaque département. Ils y présentent leur plan d’action annuel et leurs initiatives propres. Nous faisons le point sur toute une série de KPI, notamment la consommation d’énergie et de papier, les déplacements professionnels, l’électrification du parc automobile ou encore la gestion des déchets.”
Votre objectif était de réduire les émissions de 42,5% par rapport à 2012 avant la fin de 2025. Cet objectif est atteint. Quels sont vos autres projets?
“Notre intention n’est certainement pas de ménager nos efforts jusqu’en 2025. Car il n’y a pas de temps à perdre si nous voulons atteindre une économie neutre en carbone d’ici à 2050. Si notre nouveau siège Montagne du Parc à Bruxelles est un modèle de durabilité, nous pouvons encore agir sur le reste de notre parc immobilier. Nous allons améliorer l’efficacité énergétique de plusieurs sites régionaux, installer des panneaux solaires sur plus de 80 sites et généraliser l’éclairage LED dans nos bâtiments. Ces efforts devraient nous permettre de réduire nos émissions de CO2 de 7% supplémentaires.”
Par le biais de notre Green Fuel Consumer Plan lancé en 2018, nous récompensons les membres du personnel qui ont une voiture de société mais qui l’utilisent peu. Nous menons aussi de nombreuses actions pour favoriser la mobilité douce.
Sandra Wilikens, Chief Human Resources Officer et membre du comité exécutif de BNP Paribas Fortis
Où en êtes-vous dans l’électrification de votre parc automobile ?
“Nous sommes sur la bonne voie, c’est indiscutable. Fin 2022, la flotte des membres du personnel comportait près de 30% de véhicules électrifiés – 100% électriques et hybrides rechargeables. Au 3e trimestre de 2023, ces véhicules concernaient 95% des nouvelles commandes. La nouvelle fiscalité joue évidemment un rôle important dans cette évolution. Mais tout est loin d’être réglé. Pour les employeurs, qui doivent composer avec un cadre fiscal très complexe pour le remboursement des frais d’électricité, par exemple. Ou pour une partie de nos collègues, qui accèdent difficilement à une borne de recharge. J’envisage d’organiser une table ronde sur la mobilité cette année. Elle réunirait autorités, opérateurs, start-up et entreprises. Nous devons avancer, et tout le monde est concerné.”
Comment impliquez-vous les collaborateurs et collaboratrices?
“Il faut bien sûr beaucoup communiquer, expliquer ce qu’on fait et pourquoi on le fait. Au sein de la banque, nous pouvons aussi compter sur un réseau de plus de 220 EcoCoaches. Profiter de la possibilité légale offerte par le compartiment durabilité de la CCT 90 est aussi un levier intéressant. Tous les ans, nous nous fixons six objectifs durables à atteindre. Si trois d’entre eux le sont, l’ensemble du personnel bénéficie d’une prime en fin d’année. Jusqu’à présent, nous avons toujours eu le plaisir de pouvoir la verser. D’autres incitants sont envisageables. Par le biais de notre Green Fuel Consumer Plan lancé en 2018, nous récompensons les membres du personnel qui ont une voiture de société mais qui l’utilisent peu. Nous menons aussi de nombreuses actions pour favoriser la mobilité douce – marche, vélo et transports en commun. Nous avons choisi d’implanter nos sièges au cœur des villes, et c’est une stratégie payante. Fin 2022, 79% des membres du personnel travaillant à Bruxelles recouraient aux transports en commun pour venir au bureau. En dehors des villes, ils sont 60%.”
Selon vous, dans quels autres domaines est-il urgent de prendre des mesures ?
“La pollution numérique est souvent sous-estimée, alors qu’envoyer 100 e-mails pollue autant que 20 kilomètres en voiture. C’est la raison pour laquelle nous organisons chaque année une campagne interne visant à sensibiliser nos collaborateurs. Nous leur donnons des conseils, ainsi qu’un outil pour calculer leur empreinte numérique. Nettoyer sa boîte e-mail, envoyer des liens plutôt que des fichiers, supprimer les fichiers obsolètes: ce sont de petits efforts, mais si nos 11.000 collègues intègrent ces nouveaux réflexes, l’incidence peut être considérable. Et chaque effort compte!”