“Trois quarts des nouveaux investissements sont consacrés à des solutions durables et responsables”

Progressive, responsable et volontaire. Voilà résumée par son dirigeant la philosophie d’investissement durable et responsable de BNP Paribas Fortis Private Banking & Wealth Management. Stéphane Vermeire, qui est aussi membre du comité exécutif de la banque, évoque l’avènement d’un cadre réglementaire plus contraignant, l’initiative “Towards Sustainability” de Febelfin ainsi qu’Impact Together, le fonds philanthropique de la banque.

Avez-vous observé des attentes spécifiques aux entrepreneurs en matière de placement durable?

“Les dirigeant d’entreprises, indépendants ou titulaires de professions libérales sont sensibilisés de la même façon que tout citoyen aux changements qui s’opèrent sous nos yeux et aux risques que cela représente. Conscients de leur responsabilité, ils privilégient de plus en plus des investissements qui – a minima – n’ont pas d’impacts négatifs. Au point qu’aujourd’hui, trois quarts des nouveaux investissements opérés par nos clients le sont dans des solutions à caractère durable ou responsable.”

“Ces beaux résultats sont aussi dus à notre approche commerciale: depuis 2015 déjà, nous proposons ces solutions à nos clients en premier lieu. Avec une part de marché de 26% en 2022, nous sommes aujourd’hui le leader de ce marché.”

Depuis l’été passé, la réglementation européenne MiFID impose aux gestionnaires d’actifs de sonder, via un questionnaire, leurs clients sur leurs attentes en la matière. Quels enseignements tirer des réponses reçues?

“Au-delà du formalisme qu’impose un tel processus, les clients comprennent l’importance d’une telle consultation. 80% nous ont confirmé vouloir intégrer la dimension de durabilité dans leur philosophie d’investissement. Parmi eux, plus de 95% préfèrent suivre les recommandations de la banque pour la mise en œuvre d’une stratégie durable et responsable dans leur portefeuille. Il faut dire que la matière est très complexe.”

La SFDR et la taxonomie constituent le nouveau socle de référence. Comment voyez-vous ces évolutions?

“Les obligations imposées par ces nouvelles règles sont très positives. Avec la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), elles vont amener aussi bien les sociétés que les agences de notations à produire beaucoup plus de données. Cela permettra de mieux comprendre les impacts des sociétés reprises dans un fonds sur toute une série de dimensions et d’affiner encore nos sélections et nos suivis de portefeuilles. De fait, des informations plus fiables permettront aux banques de s’engager plus résolument et d’élargir leur gamme de fonds responsables ou “vert clair” (Article 8), qui promeuvent des caractéristiques environnementales ou sociales et de fonds durables ou “vert foncé” (Article 9), qui poursuivent des objectifs durables explicites.”

“La SFDR, en particulier, impose aux banques de démontrer que l’intégralité des actifs des fonds « vert foncé » ne cause aucun dommage à l’environnement. Est-elle, aujourd’hui, un vrai gage de transparence?

“Elle a encore ses limites car, en l’absence de données claires et normalisées par les sociétés investies, on est toujours dans le déclaratif. Toutefois, la philosophie progressive, responsable et volontaire qui sous-tend la composition de nos portefeuilles implique le respect de critères très stricts.”

Nous encadrons strictement nos investissements dans les secteurs à forts enjeux sociaux et environnementaux, en appliquant des critères d’exclusion ou des filtres à certains d’entre eux, ou à certaines entreprises à l’intérieur de ces secteurs.

Stéphane Vermeire, Head of Private Banking & Wealth Management BNP Paribas Fortis

Comment votre approche se traduit-elle concrètement?

“Nous encadrons strictement nos investissements dans les secteurs à forts enjeux sociaux et environnementaux, en appliquant des critères d’exclusion ou des filtres à certains d’entre eux, ou à certaines entreprises à l’intérieur de ces secteurs. Nous nous focalisons ainsi sur les entreprises qui veulent aller dans la bonne direction et sur lesquelles nous pouvons exercer une influence positive via nos droits de vote dans les assemblées générales, où nous sommes très actifs. Nous évitons d’exclure trop vite et de façon trop uniforme toute une série de secteurs car nous croyons au dialogue.”

“Nous effectuons ensuite une étude ESG approfondie. Lorsque vous investissez dans nos fonds responsables, les produits « Article 8 », vous investissez en fait dans des entreprises qui sont mieux préparées aux risques qui amènent à des corrections brutales (défaut de transparence, corruption, manque d’adaptation aux risques climatiques… ).”

“Pour les produits « Article 9 », nous cherchons avant tout à maximiser l’impact. Nous proposons, par exemple, un fonds dédié au secteur de l’eau dont les entreprises sélectionnées se focalisent sur la gestion raisonnée de l’eau, l’amélioration de sa qualité ou l’évitement de pertes d’eau potable. Un tout nouveau fonds va également voir le jour: il s’agit d’un fonds de produits « Article 9 » en architecture ouverte qui permettra d’offrir des objectifs durables explicites ainsi que les avantages de la diversification, sur une série de thématiques durables.”

Que penser du label “Towards Sustainability” décerné par Febelfin à près de 800 produits d’investissement?

“Même si les réglementations européennes iront plus loin encore à terme, un tel label reste aujourd’hui très utile car il a imposé un certain nombre de critères bien précis. Dans un monde où l’on manque encore de données et où les méthodologies ne sont pas encore alignées, il a le mérite de fixer un cadre minimum. Et puis les exigences d’attribution sont revues régulièrement, ce qui contribue au mouvement positif. Mais surtout, il n’est pas simplement déclaratif. Une structure indépendante contrôle strictement chaque année si les produits labellisés « Towards Sustainability » répondent toujours bien aux exigences. Parmi eux, je suis heureux de compter 80 fonds distribués par BNP Paribas Fortis, ce qui représente une part de marché de 34%.”

Vous ajoutez aussi une dimension solidaire, avec votre fonds de philanthropie Impact Together. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

“Nous voulons impliquer nos clients dans le soutien à des associations locales ou des projets liés à la durabilité. Nous rétrocédons une partie des revenus générés via les investissements responsables et durables de nos clients à ce fonds abrité par la Fondation Roi Baudouin. Il finance des ONG réputées, des projets associatifs en développement qui veulent renforcer leur structure financière, ainsi que des associations à la recherche de fonds pour rénover durablement leurs infrastructures ou investir dans une mobilité douce. L’an dernier, nous avons versé un montant total de 3,4 millions d’euros et, depuis le lancement, ce sont plus de 15 millions d’euros qui ont été donnés. Les besoins du secteur associatif sont criants et nous sommes très heureux de faire partie de la solution.”