Dans la lutte contre le changement climatique, tout le monde doit apporter sa pierre à l’édifice, mais les plus riches disposent potentiellement d’une plus grande force de frappe. Bill Gates, cofondateur de Microsoft, investit massivement dans la technologie capable d’améliorer le climat. Il a publié un livre pour détailler sa vision.
Même si Bill Gates a atteint l’âge de la retraite, l’entrepreneur américain ne reste pas les bras croisés. Après avoir fait un pas de côté chez Microsoft, le philanthrope s’est tout d’abord intéressé à l’amélioration de l’accessibilité aux soins de santé. Aujourd’hui, il utilise son patrimoine de plus de 100 milliards de dollars pour résoudre un autre problème majeur: le changement climatique.
Dans son livre How to Avoid a Climate Disaster, Bill Gates évoque un chiffre magique sur lequel il concentre tous ses efforts: les 51 milliards de tonnes de gaz à effet de serre que nous émettons chaque année. Nous devons ramener ce chiffre à zéro. Et il joint le geste à la parole, puisqu’en 2015, il a lancé Breakthrough Energy, un groupe d’organisations qui innovent dans le domaine des énergies vertes.
Focus sur les primes “vertes”
Breakthrough Energy se concentre sur des domaines qui occupent également une place centrale dans l’ouvrage de Bill Gates: l’énergie que nous utilisons, nos modes de fabrication, l’agriculture, nos déplacements et la façon dont nous chauffons et climatisons nos bâtiments. Les domaines qui ont le plus d’impact sont souvent les plus inattendus, estime-t-il.
Selon lui, on trouve, parmi les industries les plus polluantes, la production de ciment et d’acier, qui représente à elle seule 6% des émissions de gaz à effet de serre. La production d’une tonne de ciment provoque l’émission d’une tonne de dioxyde de carbone, tandis que celle d’une tonne d’acier génère 1,8 tonne de CO2.
Breakthrough Energy investit des dizaines de millions de dollars dans des innovations permettant de réduire drastiquement ces émissions. Pourtant, ces start-up révolutionnaires rencontrent énormément de difficultés à changer des industries vieilles comme le monde, déplore Bill Gates. Car les avantages des options respectueuses de l’environnement sont encore fréquemment jugés trop chers.
Nous avons un gigantesque travail à accomplir, quelque chose que nous n’avons jamais fait auparavant ni aussi rapidement.
Bill Gates, cofondateur de Microsoft et philanthrope
Bill Gates, qui qualifie ces suppléments de prix de “primes vertes”, regrette que nous nous tournions encore trop souvent vers des applications dont le supplément de prix a entre-temps disparu, comme les voitures électriques, et trop peu vers les solutions plus “difficiles”, comme le “verdissement” du ciment et des carburants pour avion. C’est pourquoi, ces dernières années, il a investi dans des start-up comme Terra CO2 et ZeroAvia, qui s’attaquent à ces problèmes. “Nous avons un gigantesque travail à accomplir, quelque chose que nous n’avons jamais fait auparavant ni aussi rapidement”, écrit Bill Gates.
L’énergie comme carburant
Avec son organisation, le cofondateur de Microsoft se focalise sur le verdissement de la production d’électricité, qui s’adjuge quelque 27% des émissions mondiales. L’électricité est à la base de tout et représente donc un levier potentiel pour des innovations intéressantes. Avec ses partenaires, il a déjà investi plus de 2 milliards de dollars dans les énergies vertes. Breakthrough Energy travaille sur les prix mais aussi – et surtout – sur la fiabilité de la production et la disponibilité de l’énergie.
En effet, le soleil ne brille pas en permanence, et certains endroits sont éloignés des sources énergétiques naturelles. Le développement de la technologie des batteries, quant à lui, a ses limites. Bill Gates est personnellement fan de l’énergie nucléaire, comme celle produite par l’entreprise américaine TerraPower (dans laquelle il a par ailleurs investi).
Objectif 2030
Non seulement nous devons limiter nos émissions, mais nous pouvons renverser la vapeur. De nombreuses organisations compensent actuellement les impacts négatifs du transport aérien en plantant des arbres, mais Bill Gates tempère les attentes à l’égard de ce type d’initiatives. Pour compenser les émissions annuelles des seuls États-Unis, il faudrait couvrir d’arbres la moitié de tous les terrains disponibles! Ses investissements dans Direct Air Capture, qui extrait directement le dioxyde de carbone de l’atmosphère, sont plus modulables.
Parmi les principaux objectifs qu’il identifie dans le livre, nous devrions être prêts d’ici à 2030 à réduire progressivement nos émissions de gaz à effet de serre, jusqu’à atteindre zéro émissions à l’horizon 2050. Les pays riches doivent prendre l’initiative. Le politique peut travailler sur la réduction des “primes vertes”. Et si la technologie peut jouer ici un rôle majeur, ajoute un Bill Gates toujours optimiste, il faut agir sans tarder.