La moitié des PME maîtrisent trop peu la réglementation en matière d’ESG

Gerd Callewaert, Managing Director d’Ipsos Belgium

Les entreprises manquent de connaissances juridiques sur l’ESG – environnement, social et gouvernance. Et la recherche des bonnes informations est laborieuse. C’est ce qui ressort d’une enquête menée auprès de 310 entreprises. “À la lumière des réglementations européennes de plus en plus contraignantes en matière de reporting, cet aspect pourrait devenir problématique”, déclare Gerd Callewaert, du bureau d’études Ipsos Belgium.

Plus de quatre entreprises sur dix peinent à trouver des réponses claires à leurs questions ESG. Seules 15% estiment avoir une bonne connaissance des réglementations en la matière. Il n’est donc pas surprenant que 44% de ces entreprises demandent à être mieux informées de l’impact des règles ESG sur leurs activités.

Ces chiffres sont tirés d’une enquête menée par Ipsos Belgium auprès de 310 entreprises belges de plus de 10 salariés. Les résultats ont été présentés lors de l’événement Power of ESG de Trustmedia.

Méconnaissance

De quelles entreprises s’agit-il? Selon Statbel, notre pays compte plus de 1,1 million d’entreprises. La grande majorité d’entre elles sont des entreprises unipersonnelles et des PME. Plus de 37.000 entreprises comptent au moins 10 salariés: ces entreprises sont à terme éligibles à la réglementation CSRD (lire l’encadré).

“Quelque 80% d’entre elles sont des PME de moins de 50 salariés, et parmi elles, 53% déclarent avoir une mauvaise connaissance des règles ESG”, avance Gerd Callewaert.

Aucune stratégie

Deux entreprises sur trois sont conscientes qu’elles seront bientôt contraintes au reporting en matière de développement durable. Mais nombre d’entre elles (42%) peinent à trouver des informations ESG pertinentes. C’est encore plus vrai pour les entreprises de petite taille. “Environ 72% des entreprises belges ont besoin d’un lieu centralisé où elles peuvent trouver les règles ESG et les informations qui y sont liées”, précise Gerd Callewaert.

8% des entreprises affirment qu’elles dégagent davantage de bénéfices depuis qu’elles prêtent attention aux aspects ESG.

Gerd Callewaert, Managing Director d’Ipsos Belgium

Une entreprise interrogée sur trois juge important de déployer une politique ESG. “Dans le même temps, 38% des entreprises de plus de 10 employés indiquent ne rien entreprendre dans ce sens”, souligne Gerd Callewaert. “Ce sont essentiellement les grandes entreprises de plus de 200 employés qui ont une stratégie ESG claire.”

Important pour l’image

Par ailleurs, 35% des entreprises de plus de 10 salariés pensent que l’ESG pèse lourd dans la guerre des talents. Essentiellement parce de plus en plus de candidats attendent de leur employeur qu’il prenne des initiatives durables.

“On observe, à cet égard, que 48% des petites entreprises disent communiquer vers l’extérieur sur leurs efforts en matière d’ESG, contre 75% des grandes entreprises”, chiffre encore Gerd Callewaert.

Les initiatives ESG ont, pour 43% des entreprises interrogées, un impact positif sur leur image. “Et 8% d’entre elles affirment même qu’elles réalisent davantage de bénéfices depuis qu’elles prêtent attention aux questions ESG. La plupart des entreprises conviennent en tout cas que les initiatives ESG contribuent à améliorer à la fois le climat et la communauté.”

Qu’est-ce que la CSRD?

La directive sur le reporting de durabilité des entreprises (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD) est une directive de l’UE qui contraint les entreprises à fournir des informations complètes sur la durabilité et l’impact social de leurs activités. Elle vise à accroître la transparence et à prévenir l’écoblanchiment. L’obligation légale d’établir des rapports sur le développement durable sera introduite par étapes.

  • À partir de 2025, elle s’appliquera aux grandes entreprises européennes cotées qui emploient plus de 500 collaborateurs.
  • Dès 2026, la directive concernera aussi les grandes entreprises européennes de plus de 250 salariés.
  • Et en 2027, elle inclura les PME cotées d’au moins 10 collaborateurs.