La CSRD exige des grandes entreprises qu’elles rendent compte de leurs efforts en matière de développement durable. Les parties prenantes seront dès lors beaucoup plus soucieuses de la fiabilité de ces informations (souvent non financières). Leur vérification, effectuée par un auditeur, devrait donner aux parties externes une certitude supplémentaire sur l’exactitude et l’exhaustivité des données, des résultats et des informations que les entreprises mentionnent dans leurs rapports sur le développement durable. Tanguy Legein, Audit Partner chez KPMG, revient sur les éléments auxquels ses collègues et lui sont attentifs lors de l’audit de ce type de rapport.
À partir de l’année de reporting 2024, les entreprises seront tenues de rendre compte de leurs impacts, risques et opportunités en matière environnementale, sociale et de gouvernance. Cette obligation s’appliquera d’abord aux grandes organisations d’intérêt public, telles que les sociétés cotées en Bourse, les établissements de crédit et les compagnies d’assurance. D’autres grandes entreprises et les PME cotées leur emboîteront bientôt le pas.
La mise en application de la directive CSRD est imminente. La préparation adéquate des entreprises est essentielle. Les experts de KPMG peuvent vous aider dans cette tâche. Cliquez ici pour plus d’informations.
“Comme pour l’information financière, des règles spécifiques s’appliquent ici”, prévient Tanguy Legein, Audit Partner chez KPMG. Les entreprises qui conservent des données sur leurs efforts en matière de développement durable le font fréquemment dans de simples feuilles de calcul. “Or, la Corporate Sustainability Reporting Directive, ou CSRD, contraindra les entreprises à disposer au minimum d’un solide processus d’audit interne pour vérifier ces données.” L’audit de ces informations sur le développement durable offre ainsi aux parties prenantes une garantie supplémentaire dans leur recherche d’informations fiables et comparables avant toute prise de décision économique.
Assurance limitée ou raisonnable?
Les auditeurs comme Tanguy Legein passeront donc au crible les rapports CSRD des entreprises. Dans un premier temps, une opération d’“assurance limitée” sera réalisée: il s’agit d’une variante simplifiée de la mission d’“assurance raisonnable” qui sera à terme exigée de l’entreprise.
L’assurance limitée est moins poussée en termes de procédures à mettre en œuvre, l’auditeur attestant les informations relatives au développement durable avec un degré de certitude relatif. L’assurance raisonnable exige quant à elle un examen nettement plus approfondi, comparable au niveau appliqué aux informations financières. L’assurance en tant qu’exigence n’est pas encore inscrite dans la législation belge.
“De nombreuses entreprises ne disposent pas encore des connaissances et des ressources nécessaires pour produire un rapport de durabilité standardisé.”
Tanguy Legein, Audit Partner chez KPMG
Cette attestation ne devrait pas nécessairement être délivrée par l’auditeur en charge du contrôle des informations financières, même si Tanguy Legein le recommande: “Il existe clairement un lien entre les données financières et les informations relatives au développement durable. Les questions financières ont un impact sur les questions non financières, et inversement.”
Cette interconnexion, appelée “connectivité” dans la directive, est un point d’attention pour les auditeurs. L’attestation ne se limite en effet pas à une simple évaluation des chiffres: elle implique de vérifier le respect de plusieurs éléments – normes européennes de reporting sur le développement durable (ESRS), taxonomie de l’UE, analyse de double matérialité, tagging électronique des informations sur le développement durable, compréhension du processus sous-jacent. En interrogeant les responsables et en examinant les documents, les auditeurs portent un jugement critique sur ces processus et ces informations.
“Les entreprises dont les rapports ESG sont certifiés en tireront des bénéfices certains”, prolonge Tanguy Legein. “Elles attireront plus facilement les investisseurs et les financements. L’audit peut également procurer des avantages concurrentiels et créer de nouvelles opportunités commerciales. Cela favorise à la fois la crédibilité et la réputation de l’entreprise. Ce qui, à son tour, peut avoir un impact positif sur la fidélisation des collaborateurs et l’attraction de nouveaux talents sur le marché du travail.”
Les réglementations évoluent
Le reporting standardisé sur le développement durable n’en est pas moins source de défis pour les entreprises. “Souvent, celles-ci ne disposent pas encore des connaissances et des ressources nécessaires, et manquent de maturité”, remarque Tanguy Legein. “En outre, la gestion des données est complexe, car les réglementations évoluent et les outils sont toujours en cours de développement. Enfin, la quantité de données indispensables pour répondre aux critères ESRS est telle qu’il est presque impossible de tout conserver sur Excel.”
Le spécialiste conseille dès lors aux entreprises d’automatiser au maximum la collecte des données afin de faciliter les audits et de réduire les risques d’erreur. Dans ce cadre, il est important de pouvoir auditer à la fois les processus et les données.
“Les entreprises devraient effectuer une analyse des lacunes (gap analysis) et confronter les informations dont elles disposent actuellement aux données qu’elles devront communiquer à l’avenir”, conclut Tanguy Legein. “En sollicitant des auditeurs à un stade précoce, elles peuvent se préparer à la certification des informations sur le développement durable.”
La mise en application de la directive CSRD est imminente. La préparation adéquate des entreprises est essentielle. Les experts de KPMG peuvent vous aider dans cette tâche. Cliquez ici pour plus d’informations.