Dans notre pays, nous produisons de l’énergie durable grâce aux centrales hydroélectriques. C’est positif… sauf pour les jeunes saumons et les anguilles qui voient leurs routes migratoires bloquées par ces installations. “Désormais, Life4Fish garantit que les poissons peuvent remonter les rivières en toute sécurité.”
Les centrales électriques utilisent l’énergie de l’eau des rivières et des cascades. Cette eau fait tourner des turbines qui produisent de l’électricité par le biais d’alternateurs. Il s’agit d’une électricité 100% renouvelable. Hélas, c’est un problème pour certaines espèces de poissons.
Pour les saumons, tout d’abord, qui passent les trois premières années de leur vie en eau douce et migrent ensuite vers la mer pour revenir trois ans plus tard dans la rivière qui les a vus naître. Pour les anguilles, ensuite: elles ne réussissent pas toujours à passer à travers les turbines. Certaines se retrouvent bloquées, d’autres peuvent être blessées et, dans le pire des cas, trouver la mort.
Périodes d’ouverture
Pour résoudre ce problème, Luminus, Profish, les universités de Namur et de Liège ainsi qu’Actemium ont uni leurs forces pour créer le projet Life4Fish, qui garantit aux poissons un libre accès au fil des rivières.
“Un modèle d’IA performant prédit les périodes de migration des poissons”, éclaire Pierre Theunissen, Senior Project Manager chez Luminus. “Grâce à ce logiciel, nous pouvons gérer les horaires d’ouverture des barrages de nos sept centrales hydroélectriques belges et des passages subaquatiques, afin que les poissons puissent passer en toute sécurité sans que nous devions arrêter les turbines.”
À partir d’une prévision automatique sur 24 heures et d’un certain nombre de paramètres, les opérateurs peuvent prendre des décisions éclairées et limiter ainsi au maximum le taux de mortalité des poissons.
Un modèle d’IA prédit les heures de passage des poissons. Nous en tenons compte pour ouvrir nos barrages et permettre ainsi aux poissons de les traverser en toute sécurité.
Pierre Theunissen, Senior Project Manager chez Luminus
“Concrètement, nous avons mis au point un modèle automatisé, nourri de données historiques et d’alertes en temps réel sur le débit actuel et attendu des rivières, ainsi que sur la température de l’eau de la Meuse”, détaille Jean-Christophe Cerfontaine, Branch Manager Life Science & Data Management chez Actemium.
Le système recourt par ailleurs à un champ électrique pour diriger les saumons vers un passage spécialement conçu pour qu’ils puissent passer le long des turbines, et permettre aux anguilles de traverser le barrage.
Résultats très prometteurs
Le projet Life4Fish a été lancé en 2017. Cette année, les derniers tests de validation seront réalisés, puis le système sera perfectionné. Les premiers résultats sont déjà très prometteurs.
“Notre objectif de départ était d’augmenter le taux de survie des anguilles à 80% et celui des jeunes saumons à 90%, sans réduire significativement la production d’électricité verte”, rappelle Pierre Theunissen. “Nous n’en sommes plus très loin.”
Le projet sera poursuivi dans les années à venir avec l’installation d’un nouveau type de turbine, très spécifique sur le plan de la vitesse et de la forme des pales, destiné à en minimiser l’impact sur la faune et la flore aquatiques.
“Les partenaires du projet sont heureux de partager leurs bonnes pratiques avec les autres acteurs du secteur énergétique”, note Luc Clabout, Managing Director Industry & Software Solutions chez VINCI Energies.
“Et nous voyons d’autres applications possibles de cette technologie en dehors des centrales hydroélectriques”, conclut Pierre Theunissen. “Toutes les entreprises et industries qui ont des activités en bordure d’une rivière ou d’un plan d’eau devraient pouvoir en tirer profit.”