Grâce à l’analyse de double matérialité, les entreprises sauront mieux évaluer leur impact sur le climat et réciproquement. Avec Catherine Bals (Proximus), Michael Wagemans (KPMG) livre son analyse de la nouvelle directive européenne sur le développement durable.
Les entreprises représentent un maillon essentiel de la lutte contre le changement climatique, car elles peuvent avoir un impact majeur sur une grande échelle. Dans le cadre du plan de la Commission européenne visant à faire de l’Europe un continent climatiquement neutre, une grande attention est dès lors prêtée à la manière dont les entreprises doivent y contribuer. Par exemple, la directive CSRD oblige les entreprises à rendre compte des thèmes de développement durable qui les concernent. Elles les identifient par le biais d’une analyse de double matérialité.
“Proximus a déjà établi de nombreux rapports sur le développement durable, mais elle n’en réalise pas moins la complexité de la CSRD.”
Michael Wagemans, Head of Sustainability chez KPMG
“Il y a toujours eu des cadres et des moyens de mesurer l’impact d’une entreprise sur l’environnement, mais jusqu’à présent, ils étaient appliqués assez librement”, note Michael Wagemans, Head of Sustainability chez KPMG. “Des questionnaires sur le développement durable étaient généralement envoyés aux parties prenantes afin de sélectionner les thèmes pertinents, dont le rapport sur le développement durable rendait ensuite compte. La philosophie sous-jacente peut par ailleurs varier. La méthode anglo-américaine s’intéresse principalement à l’impact financier, tandis que la Global Reporting Initiative se concentre sur l’impact d’une entreprise sur les individus, l’environnement et la société.”
Quel est l’impact de votre entreprise sur l’environnement, et réciproquement?
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Avec l’analyse de double matérialité, la Commission européenne combine désormais ces deux points de vue. En langage humain: quel est l’impact d’une entreprise sur son environnement et réciproquement? “La CSRD comprend 10 normes thématiques qui étoffent l’ESG, et prévoit en outre des normes sectorielles spécifiques”, indique Michael Wagemans.
L’analyse de double matérialité de Proximus
Chaque entreprise étant différente, il convient de déterminer d’abord les thèmes sur lesquels porteront les rapports. Pour telle entreprise, la biodiversité sera cruciale; pour telle autre, l’économie circulaire sera au centre des préoccupations. “Dans une analyse de double matérialité, on commence par interroger les parties prenantes internes et externes afin d’identifier les thèmes pertinents”, éclaire Michael Wagemans. “Un certain nombre de lignes directrices précisent la façon de le faire. Ce processus est plus approfondi que ce à quoi les entreprises étaient habituées. Il leur permet de demander à leurs fournisseurs, clients ou employés, de manière structurée, comment ils perçoivent le développement durable par rapport à elles.”
Proximus compte parmi les entreprises qui ont commandé une telle analyse de double matérialité. “Conscients de l’importance d’avoir un point de vue neutre, nous avons décidé de faire appel aux consultants de KPMG pour cette analyse”, confie Catherine Bals, Sustainability Department Lead chez Proximus. “Avec eux, nous avons listé les parties prenantes à approcher et la meilleure méthode pour le faire. Pour certains, via une analyse quantitative; pour d’autres, au moyen d’entretiens individuels.”
“L’analyse de double matérialité a montré que neuf normes sur dix sont pertinentes pour nous, car le champ d’activité de Proximus est très vaste.”
Catherine Bals, Sustainability Department Lead chez Proximus
Le résultat de cet exercice? Une vue d’ensemble des impacts, risques et opportunités potentiels en matière de développement durable. “L’analyse a montré que neuf des normes sont pertinentes pour nous, car le champ d’activité de Proximus est très vaste. La circularité, par exemple, est une priorité absolue, tout comme l’inclusion numérique et la cybersécurité.”
À l’étape suivante, pour les points où elle a éventuellement décelé des lacunes, Proximus peut élaborer des plans d’action concrets avec des objectifs adéquats. “Des inondations comme celles de 2021 en Wallonie pourraient avoir un impact lourd sur notre infrastructure”, illustre Catherine Bals. “Nous en tenons compte dans l’analyse des risques afin de garantir la continuité de nos activités. Dans le même temps, des opportunités existent, telles que l’émergence de bâtiments intelligents, que nous pouvons équiper de technologies.”
Transparence
La transparence est ici essentielle, insiste Michael Wagemans. “Vos mesures doivent être validées par le comité exécutif et le conseil d’administration. Proximus a déjà publié de nombreux rapports sur le développement durable, mais elle n’en réalise pas moins la complexité de la CSRD. Elle n’est pas la seule dans ce cas, je constate que beaucoup d’entreprises belges ont encore un long chemin à parcourir en interne pour mener à bien ce projet. C’est extrêmement important, car l’objectif est de rendre l’Europe plus durable. Cela se fera avec et par les entreprises ou cela ne se fera pas.”