“La durabilité est le pilier de notre économie”

S’engager en faveur de la durabilité n’est pas seulement une initiative commerciale judicieuse pour les entreprises, c’est aussi une obligation légale et morale, estime Wannes Van Giel, coauteur du Handboek Duurzaam Ondernemen. “Son succès ne se résume pas au gain financier: il s’agit de créer un avenir meilleur pour tout le monde.”

La durabilité ne se limite pas à servir de critère de référence: elle est la pierre angulaire de notre économie. C’est cette idée-clé que le Handboek Duurzaam Ondernemen veut diffuser auprès de ses lecteurs. “Notre guide détaille les étapes concrètes vers une intégration optimale de la durabilité dans leurs activités”, déclare Wannes Van Giel, coauteur du livre, fondateur et CEO de bigtrees, une société de conseil axée sur la durabilité.

Priorité et efforts en matière d’ESG

Aucune entreprise ne peut plus se permettre de négliger la dimension durable. À la fois pour la société, les individus et la planète, et pour satisfaire aux objectifs et aux normes de reporting de plus en plus strictes en la matière. “La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) oblige les entreprises à réfléchir en profondeur à leur position en matière de développement durable”, confirme Wannes Van Giel.

C’est un excellent point de départ. Ce faisant, les entreprises notent, d’une part, l’impact qu’elles ont actuellement sur l’environnement – en termes d’émissions, de consommation d’eau et d’électricité, entre autres – et de l’autre, elles examinent les influences externes qui affectent leur durabilité, comme le niveau ESG des fournisseurs de leur chaîne de valeur. Dans quelle mesure œuvrent-ils à la durabilité? Comment les employés dans les unités de production des fabricants en Asie sont-ils traités? “Cet exercice de réflexion offre à chaque entreprise d’identifier les domaines dans lesquels des efforts supplémentaires peuvent être consentis afin d’accroître la durabilité, et ceux dans lesquels ces efforts ont déjà été accomplis.”

Défensive ou offensive

Lors de l’élaboration de leur approche ESG, les entreprises peuvent également choisir clairement entre une stratégie défensive et une stratégie offensive. Celles qui adoptent une stratégie de durabilité défensive choisissent de répondre simplement aux exigences minimales imposées par le législateur. “Elles se concentrent principalement sur la conformité, et poursuivent leurs activités le plus longtemps possible dans les limites de ce qui est acceptable du point de vue de l’éthique et de la durabilité”, éclaire Wannes Van Giel. “Pensez au fabricant de viande qui s’engage en faveur du bien-être des animaux et qui rend ses emballages plus écologiques.”

La durabilité doit être encouragée et soutenue par la direction. Le sens – le purpose – que de plus en plus de personnes recherchent dans leur travail n’en sera que renforcé.

Wannes Van Giel, fondateur et CEO de bigtrees

Lorsqu’elles optent pour une stratégie de développement durable offensive, les entreprises vont plus loin que ce que les règles imposent: elles se présentent en pionnières ou veulent créer de nouvelles normes en termes d’efforts de durabilité. “Ces entreprises utilisent leur pouvoir entrepreneurial pour modifier leur activité. Dans l’exemple du fabricant de viande, celui-ci commencera à produire des substituts de viande, par exemple, poussé par la conviction que des alternatives sont nécessaires.”

Employés et leadership

Un aspect tout aussi crucial est l’implication des collaborateurs dans le parcours de durabilité. Les Inner Development Goals sont un moyen d’obtenir l’adhésion du personnel. “Les employés ont besoin de nouvelles compétences spécifiques pour comprendre que le développement durable affecte chaque pan de l’entreprise, sa chaîne de valeur et l’environnement”, explique Wannes Van Giel. “Collaborer, créer le changement, penser de manière critique et s’interroger sur son propre rôle au sein de l’entreprise: voilà autant de domaines qui s’inscrivent dans cette démarche, et c’est là que les employeurs peuvent renforcer les compétences de leur personnel.”

Par des programmes de développement et des formations, mais aussi au travers d’un leadership durable au niveau individuel et organisationnel. “La durabilité doit être encouragée et soutenue par la direction. Du reste, cela favorise le sens – le purpose – que de plus en plus de personnes recherchent dans leur travail.”

Communication et écoblanchiment

Le guide reconnaît que la durabilité ne saurait être seulement embrassée en interne: elle doit être communiquée à l’extérieur. À cet égard, il convient d’exposer les objectifs en matière de développement durable, mais surtout d’œuvrer à leur réalisation. “Dans le cas contraire, les entreprises risquent de passer inaperçues ou d’être accusées d’écoblanchiment”, conclut Wannes Van Giel.

“Un conseil à ce propos: communiquez de manière transparente avec le monde extérieur, comme si vous parliez à des amis. Annoncez fièrement vos réalisations, sans les amplifier ni les exagérer, car tout doit être démontrable. Annoncez votre intention de courir un marathon, et montrez la médaille ensuite. Mais ne prétendez pas que vous l’avez déjà couru alors que vous avez simplement acheté de nouvelles chaussures.”